YVES GAUCHER
1934 – 2000
SELON JÉRÉMIE GILES
C’est auprès d’Arthur Lismer (1885-1969) qu’Yves Gaucher prend conseil lorsqu’il veut abandonner son emploi et entreprendre des études en arts visuels. Après un court séjour à l’École des beaux-arts de Montréal, qui ne convient pas tout à fait à son tempérament farouche, il amorce une recherche graphique, tout en étant guidé par Albert Dumouchel (1916-1971). Notons que les deux hommes avaient, entre autres affinités, un intérêt pour la musique. Gaucher était musicien et venait d’une famille qui l’était tout autant. Quant à Dumouchel, il aurait abandonné 20 ans de carrière musicale pour se consacrer entièrement aux arts visuels.
Chez Gaucher, il est bien possible que cet esprit musical ait, à son insu, influencé sa démarche en arts visuels. Grand admirateur du compositeur Anton Webern, il avait la capacité de défricher cette musique qui, encore aujourd’hui, ne demeure accessible qu’à peu de mélomanes.
La recherche visuelle de cet artiste reflète cette préoccupation pour l’esthétique et pour le mariage des harmonies associées aux sensations lyriques. Dans la plupart de ses œuvres, on pourrait, par exemple, établir les correspondances suivantes: le champ chromatique, avec ses tons divers, évoquerait le silence, tandis que la rythmique des accents correspondrait tantôt au système tonal par sa symétrie, tantôt au système atonal par son asymétrie. Voilà autant de lectures et d’interprétations que nous pourrions faire de l’œuvre de ce bel artiste indépendant, qui n’a jamais cherché à épater ni à convertir la galerie. Ce qui témoigne de l’authenticité de son art.
Ici, l’image d’Yves Gaucher se trouve au centre d’une composition qui n’est pas de lui, mais qui vise seulement à illustrer le caractère de l’œuvre pour les fins de cet hommage.
JÉRÉMEI GILES