MARC-AURÈLE FORTIN
1888 – 1970
SELON JÉRÉMIE GILES
Un poète silencieux et un artiste prêt à tout sacrifier pour peindre. Marc-Aurèle Fortin n’était pas un ‘peintre du dimanche’. Il éprouvait pour la peinture une passion de tous les instants. Une passion si obsédante qu’elle l’amenait parfois à négliger sa santé, à ne même pas s’accorder le minimum vital de nourriture et de confort. Nous déplorons que son art ait occupé tant d’espace dans sa vie, mais du même souffle, nous regardons l’œuvre avec émerveillement.
Une écriture faite au pinceau, et des couleurs qui chuchotent, voilà du Fortin! Il faut lire ses majestueux ormes d’Amérique, car il leur a donné mille fois la parole. C’est à croire que Fortin avait pressenti que ces arbres seraient un jour menacés de disparaître à cause de la maladie hollandaise de l’orme, cette maladie qui a fait depuis tant de ravages dans la vallée du Saint-Laurent.
Comme le peintre Adrien Hébert (1890-1967), on pourrait penser que Fortin voyait dans les activités portuaires de Montréal une poésie orchestrée comme celle d’une ruche d’abeilles. Ses scènes urbaines reflétaient souvent la vie paisible autour d’un clocher d’église.
On voit ici un Fortin à l’air stoïque, devant des ormes chargés de feuillage sous un ciel de nuages ouatés, comme il les peignait presque toujours.
La richesse de la peinture canadienne n’aurait certes pas atteint le même niveau sans la contribution de ce peintre aussi talentueux.
JÉRÉMIE GILES